Retour sur la manifestation contre la loi Sécurité Globale

Crédit : NPA Vienne

Ce samedi 21 novembre, nous étions entre 1500 et 2000 à répondre à l’appel unitaire (dont l’UCL Poitiers) à se rassembler pour protester contre le projet de loi relative à la sécurité globale. De très nombreuses associations, organisations politiques et syndicats étaient présentes aux côtés de Gilets Jaunes et de manifestant-es sans affiliation pour s’opposer à cette loi qui constitue une nouvelle étape dans l’escalade sécuritaire et liberticide, en rognant encore un peu plus sur les libertés fondamentales qui sont indispensables à une société se définissant comme un tant soit peu démocratique.

Ainsi, dès 15h, plusieurs centaines de personnes occupaient déjà la place d’armes qui s’est ensuite considérablement remplie. Dans la fraîcheur automnale mais sous un Soleil radieux, l’ambiance était clairement joyeuse malgré les tristes circonstances justifiant ce rassemblement : nous étions visiblement heureux de pouvoir nous retrouver dans la rue, renouer des liens, discuter du quotidien par temps de Covid-19 qui pèse tant sur le moral, mais aussi partager notre colère face à cette injustice sociale qui s’aggravent et notre révolte en voyant cette lente (mais constante) dérive de notre société vers une société placée sous le signe de la police et du contrôle des masses populaires.

Crédit : NPA Vienne

La Ligue des Droits de l’Homme n’avait déclaré qu’un rassemblement mais nous nous sommes rapidement senti-es à l’étroit sur cette place. Après quelques prises de paroles et un ou deux tours de place, une tête de cortège jeune et dynamique a finalement réussi à entraîner dans son sillage les trois quart des personnes présentes sur la place pour s’engouffrer dans la rue des Grandes Écoles. Après une déambulation joyeuse mais revendicative dans le centre et une étape devant un commissariat fermé, le cortège est repassé par la place d’armes pour ensuite se diriger vers la préfecture où nous attendaient quelques voitures de police. En dehors des 5 ou 6 cagoulés de la BAC qui nous ont suivi comme des toutous (ils devaient avoir envie de se dégourdir les pattes, eux aussi !), la police s’est plutôt fait discrète à Poitiers et aucun accrochage n’est à déplorer. Après un dernier temps devant la préfecture à saluer les uniformes au son de « A bas l’État, les flics et les fachos », le cortège est finalement retourné devant la mairie pour se disperser dans le calme.

Bien que cette manifestation soit une réussite, nous ne nous faisons pas d’illusion sur l’issue de cette bataille : le gouvernement ne cédera pas pour si peu. Il nous faut maintenir la pression, continuer de se battre en développant la solidarité et nos collectifs de lutte, si l’on ne veut pas se réveiller, demain, dans une méchante dystopie policière…

Crédit : web86.info

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Contre le projet de loi « Sécurité Globale »

Alors que les lois liberticides se multiplient ces dernières années (notamment depuis les attentats de 2015), les député-es de l’assemblée nationale étudient cette semaine une nouvelle proposition de loi relative à la « sécurité globale ». Avec cette loi, le gouvernement confirme sa volonté autoritaire d’offrir à la police toute l’impunité qu’elle souhaite pour protéger les intérêts de la bourgeoisie tout en généralisant la surveillance de masse de la population.

Notons que ce projet de loi est notamment porté par Jean-Michel Fauvergue, ancien commissaire de police et ex-chef du RAID : il s’agit d’une loi faite par la police pour la police !

Ce projet est dangereux et il doit être combattu.

Nous appelons donc à rejoindre le rassemblement organisé samedi 21 novembre à 15h, place du Maréchal Leclerc, à Poitiers. Soyons nombreuses et nombreux pour affirmer notre opposition à cette nouvelle loi liberticide et répressive.

Le rassemblement est déclaré en préfecture, il est donc tout à fait légal d’y participer en se munissant toutefois d’une attestation et en venant masqué-es.

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Quand les jeunes s’expriment, l’État réprime

Suite aux échanges tendus entre Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la jeunesse, et les participant-es du Réseau Jeunes des centres sociaux le 22 octobre dernier à Poitiers, celle-ci a décidé de saisir l’Inspection Générale de l’Éducation pour mener une inspection à l’encontre de la Fédération des Centres sociaux et Socioculturels de France (FCSF). Il s’agit d’un exemple emblématique à la fois de la déconnexion des membres du gouvernement vis-à-vis de la réalité du quotidien de la population mais aussi de la façon dont le gouvernement conçoit la notion de liberté d’expression et de démocratie.

Retour sur les faits

Du 19 au 23 octobre dernier, la FCSF organisait à Poitiers l’édition 2020 du Réseaux Jeunes, un événement qui rassemble pendant 5 jours des jeunes de toute la France pour qu’ils et elles puissent discuter et débattre d’un sujet. Cette année, c’est le thème de la religion et de la laïcité qui avait été choisi. Le 22 octobre, les jeunes restituaient une synthèse de leurs échanges en présence de la presse et d’élu-es. La secrétaire d’État à la jeunesse, Sarah El Haïry, était également présente et elle n’a pas semblé apprécier les propositions qui sont ressorties des échanges entre les jeunes.

Celles concernant l’école en particulier :

« Nous proposons qu’il y ait de vrais cours sur les religions animés par des gens formés, des intervenants extérieurs, et concernés par ces sujets.

Nous proposons que soient aussi mis en place des espaces autres que les cours, où l’on pourrait avoir des temps de rencontres, d’échanges et de débats, autour des religions comme de sujets de société.

Nous proposons de pouvoir porter des signes religieux à partir du lycée. »

La secrétaire d’État y a vu, conformément à l’ambiance du moment, une attaque de la laïcité. Après avoir tenté de répondre aux jeunes par des déclarations aussi absurdes qu’explosives (« Il faut aimer la police, car elle est là pour nous protéger au quotidien.« ), elle s’est lancée dans une marseillaise, pensant rallier à elle et à la « République » ces pauvres jeunes en perdition… Heureusement, ils et elles ne se sont pas laissées avoir par une manœuvre si grossière et l’ont clairement exprimé.

Liberté d’expression ? Pas pour tout le monde.

Cet épisode n’a clairement pas été du goût de la secrétaire d’État qui a décidé de saisir l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche pour mener une mission d’inspection à l’encontre de la FCSF. Difficile de ne pas y voir une attaque du gouvernement contre une institution qui a osé laisser des jeunes dirent ce qu’ils pensent.

Le reportage réalisé par France 3 Nouvelle-Aquitaine illustre très bien le malaise de ce 22 octobre. Mais les commentaires en voix-off du reportage sont également révélateurs de la dérive du débat sur la laïcité.

« Des principes républicains qui ont du mal à se faire une place dans la vie quotidienne de ces jeunes des quartiers. »

Pourtant, ces jeunes ont sans doute bien mieux compris ce qu’étaient ces « principes républicains » que de nombreux journalistes ou responsables politiques. La laïcité (puisque c’est bien cette notion qui se cache derrière les fameux « principes républicains »), c’est la liberté de croire ou de ne pas croire en un dieu. C’est aussi la coexistence pacifique des croyances et des religions, c’est la liberté de pratiquer ou non un culte librement, sans craindre d’être stigmatisé ou persécuté. C’est également la neutralité de l’État français vis-à-vis des religions. Or, cette neutralité, cette liberté de culte, certains jeunes ne la retrouvent pas au quotidien et ils l’expriment :

« Nous voudrions que nos représentants soient exemplaires avec des élus qui ne donnent pas leur opinion personnelle quand ils sont invités à parler des religions en tant que représentants de la République. »

Un autre jeune constate que le port d’une croix autour du cou de façon visible ne pose pas de problème à l’école alors que le port du voile mène immédiatement à une interdiction. Un exemple de « deux poids, deux mesures » selon la religion considérée.

Pour ces jeunes, le principe de laïcité a peut-être du mal à se faire une place dans leur quotidien mais la raison n’est pas celle avancée à longueur de temps dans les médias : ce n’est pas une soi-disant dérive « séparatiste » qui met en danger la laïcité, c’est au contraire l’acharnement raciste et islamophobe qui imprègne la société française depuis des années. D’abord, par des propos à demi-mots, des allusions, des non-dits, et puis par des déclarations de plus en plus assumées dans les médias et jusqu’au plus haut sommet de l’État. Cette stigmatisation permanente des populations issues de l’immigration, et en particulier des personnes pratiquants l’Islam, est contraire au concept de laïcité qui est brandi à tout bout de champ par des personnalités politiques qui s’en servent d’outil de manipulation pour faire avancer leur agenda politique.

Racisme et discrimination : le quotidien des jeunes des quartiers

Au-delà des attaques verbales continues sur la base d’une laïcité dont la définition n’est apparemment pas la même pour tout le monde, il y a les actes discriminatoires que ces jeunes vivent au quotidien : les contrôles au faciès, le harcèlement et les violences de la police. Et ces problèmes-là sont justement évoqués dans le document de synthèse issu de ces 5 journées de discussions :

« Nous proposons plus de travail de formation auprès de la police, pour qu’il y ait moins de contrôle au faciès, moins de situations de discrimination.

Nous demandons une application plus rigoureuse des lois, voire une sanction quand c’est nécessaire, sur des propos ou des comportements discriminatoires. »

C’est aussi ça le quotidien de ces jeunes. Et, évidemment, cela ne plaît pas au gouvernement. Cela ne peut pas lui plaire car ces jeunes mettent le doigt sur un problème bien réel : le rôle néfaste de la police dans les quartiers et plus généralement le racisme d’État.

Contre l’obscurantisme religieux, pour la liberté de culte

Ne nous méprenons pas. Nous, communistes libertaires, sommes extrêmement attaché-es au principe de laïcité : nous luttons contre les obscurantismes et les dogmes religieux qui, dépassant le simple cadre du droit à la liberté de culte, tentent d’imposer par différents moyens un ordre moral et social à une population ou une société toute entière. Nous combattons celles et ceux qui veulent utiliser la religion pour soumettre des individus ou une population. Mais nous défendons également la liberté de culte et de croyance, c’est-à-dire le droit de croire (ou pas) en un ou plusieurs dieux et le droit de pratiquer ce culte en toute liberté.

Ainsi, à l’occasion des ces rencontres qui se sont tenues à Poitiers, les jeunes de la FCSF nous ont offert une magnifique démonstration de ce qu’est censée être la démocratie : ils et elles ont pris le temps de débattre collectivement d’un sujet de société complexe et leurs échanges ont abouti à des propositions visant à régler les problèmes qu’ils et elles vivent au quotidien. Malheureusement, face à cette expression rationnelle, sincère et faisant preuve d’une grande maturité, la secrétaire d’État à la Jeunesse n’a pour seule réponse que l’attaque administrative pour tenter de faire taire ces voix qui osent exprimer leurs avis.

Le groupe poitevin de l’UCL apporte son soutien à la FCSF et dénonce les pratiques anti démocratiques du gouvernement.


Sources :

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